Un itinéraire surprenant sur les petites routes de Meuse, de l’autre côté de la frontière
Démarrez cette escapade en Belgique, après avoir, pourquoi pas, dégusté un Orval à l’Abbaye ! Buvez cependant avec modération puisque, ensuite, nous vous invitons à emprunter les petites routes pour passer la frontière à 5 minutes de là. Il s’agit de poursuivre le voyage par monts et par vaux, au milieu des bois et des champs, en Meuse française. Dans ce département bucolique de Lorraine, nous vous avons préparé un itinéraire ponctué d’étapes surprenantes, toutes à moins de 50 km de chez nous !
Un jour, un week-end ou une semaine ; à vous de décider combien de temps vous voulez consacrer à cette boucle qui, au départ de l’Abbaye d’Orval, totalise 125 km. A vous de choisir si vous souhaitez tout faire en voiture, ou prendre le temps de flâner sur les sentiers de promenades à pied ou à vélo dans la nature, de vous attabler en terrasse dans un bistrot du terroir, de réserver une chambre d’hôtes ou un hôtel sympathique, au départ duquel vous partirez en excursion.
Dans cet article, les liens revoient vers des bonnes adresses pour dormir et manger, ainsi qu’à des idées de balades à proximité des lieux dans lesquels nous vous emmenons.
Avioth et sa « Basilique des Champs »
Première escale à Avioth, qu’on rejoint par les petites routes, à 15 minutes en voiture de l’Abbaye d’Orval ou de Virton. A l’approche du village, on est ébahi par la silhouette colossale de la bien surnommée « Basilique des Champs » qui, effectivement plantée au milieu des champs, paraît démesurée pour une si petite commune rurale, néanmoins fort jolie avec son lavoir et ses maisons lorraines typiques. C’est que Notre-Dame d’Avioth (de son vrai nom) est un haut-lieu de pèlerinage depuis le 13e siècle ! Les croyants viennent y prier une Vierge à l’Enfant miraculeusement apparue à cette époque et pour laquelle fut bâti l’édifice, joyau du gothique, élevé au rang de basilique au 20e siècle par le pape Jean-Paul II. Curiosité unique au monde : un ravissant édicule trônant sur le parvis. Baptisé la « Receveresse », il est dédié à recevoir les offrandes des pèlerins.
La citadelle de Montmédy et ses casemates artistiques
Moins de 10 km plus au Sud, un autre mastodonte, bien plus impressionnant encore, se détache du paysage, perché sur sa colline. Il s’agit de la citadelle de Montmédy, l’un des plus importants ouvrages militaires du Nord-Est de la France, construit au 16e siècle sous Charles Quint et modifié au 17e siècle par Vauban, le célèbre architecte et ingénieur militaire du roi Louis XIV.
Derrière les remparts du monument, on découvre la Ville Haute de Montmédy, à laquelle on accède non sans être passé par deux ponts levis et un tunnel. Les ruelles historiques y abritent l’Office de Tourisme, l’église Saint-Martin, un restaurant et quelques gîtes, ainsi que le Musée de la Fortification et le Musée Jules Bastien-Lepage, peintre portraitiste né à Damvillers au 19e siècle, pas loin de Montmédy. Les enfants aimeront visiter ces musées grâce à un livret-jeu mis à leur disposition gratuitement.
Toute la famille aimera aussi s’offrir une balade sur le Circuit des Remparts (1 km) et profiter de la vue à 360° sur la campagne alentours. Insolite : dans les anciennes casemates, des artistes ont installé leurs ateliers et galeries !
Autre jolie boucle, à faire en 1 heure avant de quitter Montmédy : le « Sentier des Songes » et ses 2 km au cœur de la forêt. On y marche à la rencontre des étranges œuvres d’artistes inspirées des légendes locales !
Renaissance à Marville, dotée d’un des plus jolis cimetières de France !
Une dizaine de kilomètres après Montmédy, on arrive à Marville, véritable petite merveille de la Renaissance. Ce village de 560 âmes a en effet bénéficié, aux 16e et 17e siècles, des ambitions des Ducs de Lorraine et des notables locaux qui, pour asseoir leur rayonnement, ont fait venir de grands artistes et architectes des Flandres, d’Allemagne et d’Italie pour embellir leur territoire à la mode de l’époque.
De nos jours, en Meuse, on continue ainsi à profiter de ces décors Renaissance dans plusieurs communes : à Bar-le-Duc, à Saint-Mihiel et donc à Marville, qui est l’exemple le plus proche de la Belgique.
Mais Marville a en plus la particularité de posséder l’un des plus jolis cimetières de France, Saint-Hilaire, classé pour la diversité de ses tombes, leurs fines sculptures et leur remarquable état de conservation, alors que certaines datent du 6e siècle ! Encore plus fou : cet ossuaire dévoilant les restes de 40.000 habitants qui ont vécu dans le village sur une période de 4 siècles. Rassemblés en 1890 par le gardien des lieux, les dépouilles reposent désormais ensemble, sans distinction de classe. Les crânes qu’on y voit appartenaient aussi bien à de miséreux lépreux qu’aux riches marchands qui occupaient les demeures Renaissance.
Un vieux village reconstitué, avec ses vieux métiers
Direction ensuite le village d’Azannes-et-Soumazannes, en lisière de la forêt de Verdun, à 20 kilomètres au Sud de Marville. Il s’agit ici encore de se replonger dans le passé, mais en le « vivant », au cœur de l’insolite Village des Vieux Métiers, qui recrée un village d’autrefois !
Ce lieu hors du commun est uniquement accessible à certaines dates. Il faut dire qu’il a été créé et est toujours développé, depuis 1991, par un groupe de 400 bénévoles passionnés qui, pour fonder ce hameau, y réimplantent des maisons traditionnelles qu’ils récupèrent dans la région.
Et cette année, « Les Estivales » auront bien lieu ! Rendez-vous les dimanches 12,19 et 26 juillet, puis le 2 août, pour avoir le plaisir de déambuler dans ce bout de campagne du 19e siècle, d’entrer dans les corps de logis, les écuries, les ateliers ; de rencontrer les forgerons, lavandières, dentelières, meuniers, marchandes de peaux de lapin... En tout ? 80 métiers oubliés, que petits et grands ont l’occasion d’expérimenter en participant, par exemple, aux ateliers de poterie, torchis...
Balades au fil de la Meuse, à vélo ou en bateau, au départ de Dun-sur-Meuse
Cap ensuite sur la « vedette » du département, à 30 minutes de route à l’Ouest d’Azannes. Cette « star », c’est évidemment la Meuse, fleuve majestueux qui, dans sa vallée verte et vallonnée, permet de relier les jolis villes et villages qui se sont installés sur son tracé. C’est le moment de sortir les vélos, pour suivre un bout de l’itinéraire international « La Meuse à vélo » (EuroVelo 19). Ce dernier va du plateau de Langres (où la Meuse prend sa source) jusqu’aux Pays-Bas (où le fleuve se jette dans la mer).
Ici, nous vous proposons de longer le fleuve sur un tout petit morceau : la quinzaine de kilomètres qui séparent les deux citadelles de Dun-sur-Meuse et Stenay. A noter que ce parcours peut aussi être réalisé en bateau puisque, à Dun-sur-Meuse, on peut louer pour quelques jours des navires sans permis. Avant d’embarquer ou d’entamer votre échappée à deux-roues, ne manquez pas de grimper jusqu’à Dun Haut, la ville haute de Dun-sur-Meuse pour découvrir l’église et les ruines de la citadelle qui dominent le paysage.
Le plus grand musée de la bière d’Europe, à Stenay !
C’est donc à vélo, en bateau ou tout simplement en voiture que vous arriverez à l’ultime étape de cette escapade meusienne. Et pourquoi pas la terminer, comme nous l’avons commencée, à l’heure de l’apéro ! Car la Meuse possède une longue tradition brassicole et, ici, dans l’impressionnante citadelle de Stenay (17e siècle), on trouve le Musée de la Bière, le plus grand d’Europe quant à sa superficie et à l’ampleur de ses collections. Le lieu expose 50.000 objets sur 2500 m2 dans une scénographie ludique et interactive, avec reconstitutions, ambiances sonores et même olfactives ! Sont abordées tant l’histoire des techniques brassicoles que celles de la consommation des bières et de leur publicité. Bon à savoir pour les familles : un parcours a été spécialement créé pour les enfants avec des activités pédagogiques dans tous les espaces du musée : manipulation des matières premières, activités et jeux (puzzle, machine à vapeur), bornes interactives...
En fin de visite, à la Taverne du musée, on peut déguster (et ramener dans ses valises) de nombreuses bières locales et internationales, de préférence artisanales, ainsi que des produits du terroir. On peut également s’offrir un repas aux saveurs du cru (goûtez le saucisson à la bière de Meuse ou à la joue de porc au miel et à la bière !), avant de reprendre la route en direction de la Belgique !
Et si le cœur vous en dit, pourquoi pas continuer à explorer le département, un peu plus au Sud, vers Verdun et ses champs de bataille, les cités Renaissance de Bar-le-Duc et Saint-Mihiel ou encore l’immense lac de Madine, au cœur du Parc naturel régional de Lorraine ? C’est un lieu agréable pour une pause rafraîchissante en été !
Sarah Visse
Toutes les infos sur la Meuse : www.tourisme-meuse.com
Photos de la galerie : Meuse Tourisme, Guillaume Ramon, Shutterstock, Fotolia